Histoire du toucher
Dans l'histoire
du développement génétique,
le toucher est le premier sens éveillé.
Avant que de voir et d'entendre, le bébé perçoit
certaines informations sur ce qui est extérieur à lui,
par les limites rencontrées de son environnement,
et par les sensations de sécurité et
d'affection qu'il peut éprouver. C'est la
première voie ouverte à la communication.
Si chacun des autres sens a un organe unique et
limité, c'est par la totalité de
notre corps que nous sommes "toucher".
C'est par
un léchage intensif que certains
animaux mettent en route les fonctions vitales
de leurs petits. C'est par les caresses et le toucher
que le bébé va passer de la vie intra-utérine à une
vie indépendante sans que la rupture ne
soit vécue comme une perte irréparable.
Le port
des bébés sur le dos qui
se pratique encore dans beaucoup de civilisations
est aussi une manière ancestrale de prolonger
un contact sans lequel la vie ne prend pas.
Le changement
de comportement dans les maternités
où l'on a redécouvert les caresses
de la mère à son bébé immédiatement
après la naissance sont elles aussi un prolongement
de l'accompagnement, qui durera bien des mois encore
avec les soins, les bercements, les jeux de l'enfant.
La sexualité, après la phase de l'adolescence,
redonnera une sorte de légalité aux échanges
du toucher. Le toucher conduit au plaisir, et la
survie de l'espèce lui est peut-être
due
Le langage humain a tellement perçu l'importance
du toucher que de nombreuses expressions populaires
en soulignent le trait :
Entrer dans la peau d'un personnage
Caresser dans le sens du poil
Faire la peau à quelqu'un
Avoir la main heureuse
C'est une peau d'vache
On dit
de quelqu'un qui provoque notre émotion
qu'il nous touche, d'un personnage qu'il est touchant,
Avec l'avancée en âge il arrive parfois qu'une sorte de désert
du toucher s'installe dans certaines vies. Perte des contacts amicaux et familiaux,
isolement, parfois maladies, réduisent considérablement les occasions
d'un toucher tonique. Au terme de l'existence, lorsque les autres sens font plus
ou moins défaut, c'est par le toucher que la personne âgée
communique, par les ultimes pressions de la main qu'elle recherche. Demander une
infirmière pour un soin quelconque n'est-il pas bien souvent une autre façon
de dire que l'on a besoin d'exister, et que ce contact va donner cette réassurance
dont le corps a besoin.
La peau, et le toucher qu'elle permet ou recherche, est l'une des voies de communication
les plus primitives et aussi celle qui durera le plus longtemps. On le voit, il
y a bien une "histoire du toucher" dans la vie de chacun, et un déroulement
auquel il convient d'être très attentif. C'est parfois un véritable "manque" à ce
niveau qui introduit à des dépressions ou à des atonies, qui
ne trouvent pas dans des événements précis une étiologie
satisfaisante. On se remet de tout, mais pas de la perte de ce premier vecteur
de la communication. Sans lui, il n'y a plus rien, sinon la démence.
On peut vivre
sans voir
on peut vivre sans entendre
on peut ne pas sentir ni goûter
on ne peut pas vivre sans « toucher »
La peau,
qui est de même origine que le
système nerveux, délimite un dedans
et un dehors. Elle est à la fois barrière
de protection et filtre. Elle est notre organe
de renseignement sur l'état du dehors.
Comment touchons-nous?
Une grande diversité de récepteurs répartis sur l'ensemble
de la peau nous renseigne en permanence sur le monde extérieur. Environ
50 par mm2 de peau, inégalement répartis : le bout des doigts est
particulièrement bien fourni.
Les corpuscules de Meissner : privilégient les parties du corps dépourvues
de pilosité, et réagissent rapidement aux stimulations.
Les corpuscules de Pacini :
réagissent très vite aux changements de pression.
Ils se trouvent près des jointures.
Les disques de Merkel : réagissent
aux pressions constantes et continues, et se trouvent
sous la surface de la peau.
La
vie sensorielle est la base de toute activité de mémoire.
La vie sensorielle, changeante avec
le temps, est susceptible de multiples adaptations
avec le temps.
La vie sensorielle
est source de beaucoup de plaisirs, ouverts à tous les âges
de la vie.
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