La Mémoire préoccupe aussi les
gens au cours de leur vie professionnelle.

Ci- dessous des éléments du texte de M.J. GAVA,
dans le N° de Janvier 2003 de l’ « Usine Nouvelle ».

 

Le texte ci-dessous, dégagé des points techniques, reprend un certain nombre d'éléments souvent développés à Mémoire et Vie. Il est intéressant de rencontrer, dans la vie professionnelle, ce qui a été la préoccupation constante depuis des années, des personnes dites âgées.

POUR MIEUX VIVRE SA VIE PROFESSIONNELLE

« Aïe ! . Ma mémoire me joue des tours ! »

La mémoire s'effondre-t-elle avec l'âge ?

Son stage sur la mémoire ? Oui, Jean-Louis Malleton s'en souvient... Cet acheteur se rappelle, en effet, de « la claque » qu'il s'est prise ce jour-là.

Premier exercice : la formatrice demande aux participants de retenir un maximum d'éléments dans une liste de 20 mots. Cinq minutes chrono... « J'ai seulement pu me rappeler de 50% des mots, confie-t-il. Et encore, en essayant péniblement de bâtir des associations et des petites histoires... » Ce cadre de l'industrie n'est pas le seul à se sentir délaissé par Mnémosyne, la déesse de la Mémoire.

Pourtant, les spécialistes le confirment : sauf pathologie grave, on peut la développer. Pour mieux mémoriser, c'est-à-dire améliorer ce processus qui consiste à apprendre, stocker et réutiliser une information, il faut se mettre dans de bonnes conditions et s'entraîner. Mais avant, mieux vaut comprendre les arcanes de la mémoire.

La mémoire : comment ça marche ?

Quelques explications sur le fonctionnement de notre mystérieux potentiel mnésique.

Depuis les années 60, époque à laquelle le cognitivisme a commencé à investir la psychologie, les recherches se sont multipliées. Sur un point au moins, les scientifiques sont unanimes : il n'existe pas un centre de la mémoire localisé en un lieu précis du cerveau. « En revanche, certaines parties du cerveau - notamment, l'hippocampe et l'amygdale, siège des émotions ont un rôle clé dans le processus de mémorisation.

Eh ! dites-donc comment ça marche ?

 

Toute information passerait donc par un circuit formé d'un ensemble de structures cérébrales reliées par des neurones. Ceux-ci étant à la base de toute activité : ils concentrent l'information et la transmettent sous forme d'énergie électrochimique.

L'autre découverte importante concerne les types de mémoire. Les neuropsychologues en distinguent deux. La mémoire de travail, efficace pendant cinq secondes maximum, elle ne peut enregistrer que 7 éléments à la fois, un numéro de téléphone par exemple. Et la mémoire à long terme, qui implique des opérations mentales plus complexes. Une autre distinction est établie entre la mémoire épisodique qui stocke les souvenirs personnels et la mémoire sémantique, siège des connaissances intellectuelles.

Pour bien mémoriser il faut être motivé

Bonne nouvelle pour tous : notre mémoire est dotée d'une capacité illimitée. Cependant la mémorisation requiert quelques efforts.

Elémentaire : pour retenir une information il faut d'abord être motivé par celle-ci. Etre attentif, concentré et organisé sont aussi des points essentiels. Si ces 4 facteurs ne sont pas réunis on pourra utiliser les meilleures techniques d'entraînement, elles seront inefficaces.

Deuxième condition pour bien mémoriser : avoir une bonne hygiène de vie. « Le stress, la fatigue et le manque de sommeil rendent la récupération de l'information plus difficile et bloquent, du fait des émotions, le rappel des souvenirs.

Dans les années 20, des études ont montré que les données accumulées pendant la journée se fixent principalement en fin de nuit, pendant la phase de sommeil paradoxal où les rêves sont plus intenses.

Et nous ? Avons avons-nous une Mémoire ?

Une expérience faite sur des rats a ainsi montré que leur processus de mémorisation était complètement perturbé lorsqu'on les privait de cette tranche de sommeil pendant trois à quatre heures.

Autre découverte : on sait qu'une « liste de mots » est mieux assimilée si elle est suivie d'une période de sommeil. Donc, plus vous dormirez tôt après avoir assimilé des informations, plus vous aurez de chance de bien les retenir le lendemain.

Enfin, pour favoriser le rappel des souvenirs, soyez à l'écoute de vos sens : ce sont d'excellents dopants du cerveau et de la mémoire. Le stockage de l'information est facilité lorsqu'on l'associe à une image, une odeur, un son ou des souvenirs affectifs. Rappelez-vous, la célèbre madeleine de Proust. C'est le goût de ce biscuit trempé dans du thé qui lui fit se remémorer ses souvenirs d'enfance.

 

Un peu d'exercice ne fait jamais de mal.

Premier principe de base, améliorer sa mémoire suppose de s'entraîner. En 1885, le philosophe allemand Hermann Ebbinghaus fut l'un des premiers à le confirmer. Son travail consista à apprendre 163 séries de 13 syllabes (soit plus de 2000 syllabes !) Il essaya ensuite de se les rappeler, dans des délais allant de dix-neuf minutes à un mois. Son constat : on oublie très vite dans les premières heures et 80% des données s'évaporent au bout d'un mois ! Moralité : pour réactiver ses souvenirs, il faut réviser, réviser, réviser...

Vous pouvez également vous aider des techniques de mémorisation. A condition de choisir les bonnes.. .Toutes ne sont pas efficaces. Certaines sont même de vrais casse-tête ! Les exercices sensés favoriser la mémorisation des chiffres et de codes ne m'ont pas été d'un grand secours. Pour qu'une méthode soit efficace, il faut être surentraîné. La méthode doit être vite compréhensible et adaptée à son profil.

Notre profil à nous est-il des sciences exactes ou des sciences humaines ?

Nathalie Delsartre a ainsi constaté que les profils formés aux sciences exactes appréciaient les associations verbales et les techniques de rangement alors que ceux issus des sciences humaines préféraient les méthodes basées sur les images affectives. A chacun sa technique. « Le matin, j'écris sur un carnet ce que j'ai à faire dans la journée. Noter noir sur blanc me permet de fixer mentalement mes tâches, car j'ai une mémoire plutôt visuelle ». D'autres préfèrent des méthodes plus sophistiquées basées sur l'imagerie mentale. Anne Gillette fait ainsi plancher ses stagiaires sur la technique dite des «Loci» (lieux), bien connue des orateurs romains. Pour la petite histoire, le poète Simonide de Céos (566-468) en fut à l'origine. Lors d'un festin, il s'absenta quelques instants de table. A son retour, le toit s'était effondré sur les convives... Au cours de l'enquête, il réussit à reconstituer intégralement la liste des victimes car il avait visualisé les emplacements de chacun. Etonnant...

Sur ce principe, Anne Gillette demande à ses stagiaires de se souvenir d'une liste de missions ; téléphoner à un client, régler la facture d'un fournisseur, animer une réunion, etc. Ensuite, elle leur propose d'associer mentalement chacune de ces actions à une salle de l'entreprise. « Il leur suffit de se représenter l'objet qui symbolise la tâche - par exemple, un téléphone, un chèque, une table ronde - et de parcourir mentalement toutes les pièces, explique cette consultante. Plus l'objet est gros et incongru, plus la mémorisation sera facile. » « C'est miraculeux ! Grâce à cette méthode, je me suis souvenu de la totalité des tâches que j'avais à réaliser. Depuis, je l'utilise souvent au bureau. »

Autre technique efficace en réunion : la carte mentale. Si vous craignez de perdre le fil de votre intervention, dessinez-la ! Au centre d'une feuille de papier, notez le thème central de votre exposé. Puis, procédez par mots clés, reliés au centre à l'aide de branches, déclinées elles-mêmes en sous-branches (l'ouverture d'une filiale en Asie, les opportunités dans cette zone, le coût d'une implantation, etc.). Ce schéma, visualisable en un coup d'oil, est plus efficace qu'un plan linéaire car le cerveau retient mieux les images.

Eh oui, le cerveau retient mieux les images que les idées !

Pour améliorer sa mémoire on peut aussi travailler sans filet. " Aussi souvent que possible, je me force à ne rien noter : ni liste, ni mémo sur mon ordinateur ". Pour moi la gymnastique mentale est le meilleur des exercices. " Un bon conseil que l'on a tendance à oublier ! "

Marie-José GAVA