Textes Intégraux

LA PLAINTE MEMOIRE DE L'ÂGE
MYTHE OU RÉALITE


Quelle rÉponse pour quelle Plainte ?


Le concept de Plainte Mémoire a été mis sur pied en 1985 dans le cadre du travail de recherche de réponse adaptée à cette plainte exprimée par près de 80% des personnes venant demander conseil au Centre d'Information et Prévention de l'Association de Gérontologie du XIIIème.

Très vite il était apparu que s'il y avait sans doute quelque difficulté de mémoire, ces difficultés étaient à la fois réalité, mais aussi symptôme . Répondre à la seule réalité n'était-il pas une erreur aussi redoutable que celle d'un médecin qui ne s'occuperait que de faire disparaître le symptôme plutôt que de chercher ce qui le fait apparaître.

Plusieurs enquêtes sont venues donner du poids à ces interrogations.

Celle faite avec 558 lecteurs du Journal "Notre Temps" qui faisait apparaître que près de 4 personnes sur 5 avaient conscience que leurs difficultés de mémoire étaient apparues en même temps qu'eux-mêmes vivaient des évènements perturbant leur existence.

Celle faite auprès de 600 personnes au Pérou qui faisait apparaître à quel point la "Plainte mémoire" était corrélée avec des facteurs comme le niveau de scolarisation, de santé, et surtout de relation à l'environnement.

Niveau de scolarisation,
Santé,    Relations   à l'environnement
ont fabriqué cet homme

 

Toute réponse qui ne se donnerait comme objectif que d'exercer la mémoire de ceux qui expriment des plaintes à son sujet apparaissait comme fondamentalement infirme et non cohérente avec le contenu de la Plainte exprimée.

Un double travail apparaissait indispensable:

*     Un travail de réflexion pour comprendre ce que pouvait être le devenir d'une fonction comme la mémoire dans ses changements au cours de l'âge. Nul ne se plaint de la diminution de son intelligence ou de sa capacité d'aimer au cours de l'âge. Pourquoi faudrait-il que seule la mémoire soit comme obligatoirement entraînée vers une sorte de détérioration nécessaire?

N'y avait-il pas là d'abord une sorte de confusion avec ces troubles redoutables que sont effectivement les maladies de la mémoire? Les noms de Khorsakoff et d'Alzheimer évoquent en effet des troubles qui sèment l'angoisse chez beaucoup de ceux qui avancent en âge.

Les vieux fantasmes de ces cerveaux qui deviennent inutilisables à force d'avoir perdu des cellules nerveuses au cours des ans, sclérosés par une circulation cérébrale insuffisante, ne laissant apparaître comme perspective qu'un futur médicament miraculeux, ces vieux fantasmes complètement démentis par la biologie restent encore très actifs auprès des personnes âgées, et même auprès de certains médecins. Ils ont comme effet lointain de désespérer et de déresponsabiliser.

Certains qu'un tout petit nombre seulement de ceux qui se plaignent de leur mémoire relevait de la maladie, il fallait comprendre ce qu'est une mémoire qui change avec l'âge. Toute fonction humaine bouge avec les ans. Faut-il dire pourtant qu'on aime moins à 6O ans qu'à 5 ans ou à 20 ans sous prétexte que les formes de l'amour sont différentes. Une mémoire qui ne fait plus les mêmes choses qu'hier est-elle nécessairement une mémoire qui a diminué, même si les tests laissent apparaître certaines diminutions dans les aspects que l'on est capable de mettre en chiffres? N'y a-t-il pas d'autres tâches pour une mémoire de 80 ans que celles proposées à l'enfant ou à l'adulte de 20 ans? "Compenser mon défaut de jeunesse par un supplément de conscience" comme l'explique un retraité d'un roman de Mario BENEDETTI, ne peut-il s'appliquer aussi à la mémoire?

Compenser mon défaut de jeunesse par un supplément de conscience

"Toute étape de vie est croissance et lutte pour cette croissance" nous avait appris le Pr. JUNOD. Comment percevons-nous cette réalité dans la mémoire de l'âge et du grand âge?

*    Un travail de recherche de moyens pour apporter une réponse cohérente à cette Plainte généralisée. Il fallait percevoir quelle angoisse se cache souvent derrière ces remarques d'apparence banale: Je perds mes clefs de voiture,

Mais où les ai-je donc posées ?

mes lunettes, je remonte plusieurs fois chez moi pour vérifier que j'ai bien fermé mon gaz, je ne retrouve pas le nom de ces personnes que pourtant je connais très bien. Plaintes bénignes dit-on dans le monde médical. Bénignes , mais qui gâchent singulièrement la vie. Et que dire de ceux qui avouent:" J'ai soigné maman qui est morte démente, et maintenant je commence à avoir les mêmes difficultés qu'elle a montrées au début de sa maladie; mais moi je sais où cela mène".

La réponse à apporter nous paraissait ne devoir négliger aucun des lieux atteints par cette hémorragie de confiance:


-     Les populations plus jeunes qui savent maintenant qu'elles sont programmées pour vivre de longues années après la retraite. Mais peut-on y accéder sereinement si la peur de la détérioration est présente comme une sorte de fatalité inéluctable. Mourir est acceptable. Se détériorer en "perdant la tête" ne l'est pas.

 

-     Les retraités eux-mêmes pour leur permettre de dépasser cette crainte en affrontant directement les divers problèmes cachés derrière la Mémoire.


-     Les professionnels, de plus en plus nombreux, qui dans les maisons de retraite ou de long séjours se plaignent à leur tour de la perte de mémoire de leurs pensionnaires, qui eux semblent ne plus se rendre compte de ce qui leur arrive. Que faire ? Quelle action ?

 

Le projet de réponse de "Mémoire et Vie" s'est donc orienté dans une action autour de 4 axes:

-     Informer:  Aussi bien les retraités que la population en général doivent recevoir des information leur permettant de ne pas croire n'importe quoi, ni se confier à n'importe qui. Le rôle des médias est ici capital. D'où les multiples conférences d'information et le travail du "Guide Pratique de la Mémoire" entrepris avec "Notre Temps.

-     Former: Tous ceux qui ont un rôle dans le suivi des personnes âgées doivent recevoir une formation leur permettant de comprendre ce qui change, les pertes que l'on doit accepter, les croissances que l'on doit percevoir. Cette action est celle entreprise dans toutes les sessions de formation soit à Paris ou dans la Suisse Romande auprès des personnels des services sociaux ou gérontologiques, soit directement dans les services hospitaliers, comme ce fut la cas à ORLEANS par exemple.


-     Eduquer:. Au sens très large du terme qui implique une aide à la croissance. Ce sont les Ateliers Mémoire dont l'objectif n'est pas le seul exercice, mais bien la compréhension de la croissance de l'âge et du grand âge au travers de l'histoire d'une fonction. Lieu d'échange, d'exercices, de cheminement psychologiques à la fois des personnes et du groupe.


-     Socialiser: Aider chacun à retrouver le milieu stimulant qui lui permettra de continuer à vivre en relation, condition sine qua non d'un fonctionnement sain de toutes nos capacités. Aider aussi les divers relais sociaux: clubs, municipalités, caisses de retraites ... à mettre au point des politiques de vieillesse qui donnent à chacun le maximum de chance de se sentir comme ayant une place et une responsabilité dans l'espace de temps et de vie qui lui est ouvert.

Retraité partant s'inscrire
pour le prochain Atelier Mémoire

Yves LEDANSEURS
Psychologue


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