Textes Littéraires

AU FIL DE LA LITTERATURE

Sont proposées ici quelques belles pages rencontrées dans la littérature d'hier ou d'aujourd'hui concernant la mémoire

Le livre de George Semprun est celui de son retour à la vie ordinaire après la longue expérience des camps de concentration. La mémoire longtemps silencieuse, accepte de laisser remonter des souvenirs parfois chaotiques, toujours douloureux. Il ne s'agit ici que de nous donner goût à lire le livre tout entier comme le cheminement d'une personne qui se retrouve elle-même.

George SEMPRUN

"L'écriture ou la vie"

Gallimard

"J'ai souvent fait le compte des jours, le compte des nuits. J'arrive toujours à un résultat déconcertant. Entre la libération de Buchenwald et mon retour à Paris, il s'est passé dix-huit jours, assurément. Il ne m'en reste dans le souvenir, cependant, que de très rares images. Brillantes, sans doute, éclairées d'une lumière crue, mais entourées d'un halo épais d'ombre brumeuse. De quoi remplir quelques courtes heures d'une vie, pas davantage.

Buchenwald et son entrée

La date du début de cette période est facile à établir. Elle est dans les livres d'histoire: 11 avril 1945, jour de la libération de Buchenwald. Celle de mon arrivée à Paris est possible à calculer, mais je vous ferai grâce des repères employés. C'est l'avant-veille du ler Mai: le 29 avril, donc. Dans l'après-midi, pour être tout à fait précis. C'est dans l'après-midi du 29 avril que je suis arrivé à Paris, rue de Vaugirard, avec un convoi de la mission de rapatriement de l'abbé Rodhain.

Je donne tous ces détails, probablement superflus, saugrenus même, pour bien montrer que ma mémoire est bonne, que ce n'est pas par défaillance de mémoire que j'ai quasiment oublié les deux longues semaines d'existence d'avant mon retour à la vie, à ce qu'on appelle la vie.

Le fait est là, néanmoins: je ne conserve de cette période que des souvenirs épars, décousus, de quoi remplir à peine quelques heures de ces deux longues semaines. Souvenirs qui brillent d'une lueur crue, certes, mais qui sont cernés par la grisaille du non-être. De l'à peine repérable, du moins.

Nous étions le 14 avril 1945.

Le matin, j'avais pensé que c'était une date marquante de mon enfance: la république a été proclamée en Espagne, ce jour-là, en 1931. La foule des faubourgs déferlait vers le centre de Madrid, surmontée d'une forêt ondoyante de drapeaux. " Nous avons changé de régime sans briser une seule vitre! " s'exclamaient, radieux, quelque peu surpris aussi, les chefs des partis républicains. L'Histoire s'est rattrapée, cinq ans plus tard, par une longue et sanglante guerre civile.

Mais il n'y avait pas de survivants, le 14 avril 1945, dans cette baraque du Petit Camp de Buchenwald. Il n'y avait que des regards morts, grands ouverts sur l'horreur du monde. Les cadavres, contorsionnés comme les figures du Greco, semblaient avoir ramassé leurs dernières forces pour ramper sur les planches du châlit jusqu'au plus près du couloir central de la baraque, par où aurait pu surgir un ultime secours. Les regards morts, glacés par l'angoisse de l'attente, avaient sans doute guetté jusqu'à la fin quelque arrivée subite et salvatrice. Le désespoir qui y était lisible était à la mesure de cette attente, de cette ultime violence de l'espérance. Je comprenais soudain l'étonnement méfiant, horrifié, des trois officiers alliés, l'avant-veille. Si mon regard, en effet, reflétait ne fût-ce qu'un centième de l'horreur perceptible dans les yeux morts qui nous avaient contemplés, Albert et moi, il était compréhensible que les trois officiers en uniforme britannique en aient été horrifiés.

La soirée du samedi 11 avril 1987 fut comme sont les soirées lorsque ces souvenirs s'imposent, prolifèrent, dévorant le réel par une procédure de métastases fulgurantes. Comme elles le sont, du moins, depuis que l'écriture m'a rendu de nouveau vulnérable aux affres de la mémoire. Elle fut partagée entre un bonheur de surface - je dînais ce soir-là avec des amis chers - et l'angoisse profonde qui m'emmurait. Ce fut un espace partagé en deux territoires, brutalement. Deux univers, deux vies. Et je n'aurais su dire, sur le moment, laquelle était la vraie, laquelle un rêve.

Sans doute ai-je bu ce soir-là plus que d'habitude. Peut-être même plus que de raison. Sans résultat appréciable: l'alcool ne guérit pas les douleurs de la mort.

De telles angoisses n'ont rien de singulier. Sous l'une ou l'autre forme, nous les avons tous exprimées. Tous les récits d'anciens déportés les décrivent, qu'ils aient été composés dans l'urgence du témoignage immédiat, qui s'essouffle et parfois s'épuise dans la reconstruction minutieuse d'un passé peu crédible, positivement inimaginable, ou bien plus tard, dans le recul des temps, dans la tentative interminable de rendre compte d'une expérience qui s'éloigne dans le passé, dont certains contours deviennent cependant de plus en plus nets, certains territoires s'éclairant d'une lumière nouvelle entre les brumes de l'oubli.

p.244

Sans doute: un rêve, toujours le même.

Un rêve à l'intérieur d'un autre rêve, qui varie dans ses détails mais dont la substance est identique. Un rêve qui peut vous réveiller n'importe où : dans le calme d'une verte campagne, à table avec des amis. Pourquoi pas avec une femme aimée, ajouterai je ? Parfois avec une femme aimée, au moment même de l'amour. N'importe où, en somme, avec n'importe qui, soudain, une angoisse diffuse et profonde, la certitude angoissée de la fin du monde, de son irréalité en tout cas.

Rien ne peut arrêter, dit Primo Levi, à la dernière page de "La trêve " le cours de ce rêve, rien ne peut distraire de l'angoisse qu'il fait sourdre, sourdement. Même si on se tourne vers toi, même si on te tend une main amie. Ou aimante. " Que t'arrive-t-il ? À quoi penses-tu ? " Même si on a deviné ce qui t'arrive, te submerge, t'anéantit. Rien, jamais, ne détournera le cours de ce rêve, le flot de ce fleuve Styx.

C'est vrai que tout devient chaotique, quand cette angoisse réapparaît. On se retrouve au centre d'un tourbillon de néant, d'une nébuleuse de vide, grisâtre et trouble. On sait désormais ce que cela signifie. On sait qu'on l'a toujours su. Toujours, sous la surface chatoyante de la vie quotidienne, ce savoir terrible. À portée de la main, cette certitude: que le camp. Tout le reste n'aura été qu'un rêve depuis lors. Rien n'est vrai que la fumée du crématoire de Buchenwald, I'odeur de chair brûlée, la faim, les appels sous la neige, les bastonnades , la mort ...

p. 245

Une nuit, soudain, après une longue semaine de récits de cette sorte, la neige était tombée sur mon sommeil.

La neige d'antan : neige profonde sur la forêt de hêtres autour du camp, étincelante dans la lumière des projecteurs.; Bourrasque de neige sur les drapeaux du 1er Mai, au retour, troublant rappel de l'horreur et du courage. La neige de la mémoire, pour la première fois depuis quinze ans. À Ascona, sur la rive du lac Majeur, un jour d'hiver limpide, en décembre 1945, j'avais fermé les yeux, ébloui par la réverbération d'un rayon de soleil sur le pare-brise d'une voiture arrivant par la route de Brissago. J'avais fermé les yeux, des flocons de neige ténue, tenace, avaient scintillé dans ma mémoire. J'avais rouvert les yeux, une jeune femme était là, Lorène. Les neiges: d'antan, à Ascona, pour la dernière fois. J'avais abandonné le projet d'écrire, Lorène m'avait aidé sans le savoir, à rester dans la vie.

Depuis quinze ans, jamais la neige n'était plus tombée sur mon sommeil. Je l'avais oubliée, refoulée, censurée. Je maîtrisais mes rêves, j'en avais chassé la neige et la fumée sur l'Ettersberg. Parfois, certes, une douleur aiguë, brève, m'avait traversé le cour. Un instant de souffrance mêlée de nostalgie. D'étrange bonheur, qui sait ? Comment dire cette absurdité, le bonheur insolite de ce souvenir? Parfois, une douleur aiguë comme une pointe de stylet m'avait frappé au cour. En entendant un solo d'Armstrong, peut-être. En mordant à pleines dents dans un morceau de pain noir, à l'occasion. En fumant jusqu'à me brûler les lèvres un mégot de Gitane. Quelqu'un s'étonnait de me voir fumer ainsi, jusqu'au bout, ma cigarette. Je n'avais pas d'explication à cette habitude: c'était comme ça, disais-je. Mais parfois, brutalement, délicieusement, le souvenir surgissait: le mégot de Machorka partagé avec des copains, circulant de main en main, de bouche en bouche, drogue douce de la fraternité.

Mais la neige avait disparu de mon sommeil.

Je me suis réveillé en sursaut, après une semaine de récits sur Mauthausen de Manuel A. C'était à Madrid, rue Concepcion-Bahamonde, en 1961. Mais le mot " sursaut " ne convient pas, réflexion faite. Car je m'étais réveillé d'un seul coup, certes, j'avais aussitôt été en éveil, lucide, dispos. Mais ce n'était pas l'angoisse qui me réveillait, l'inquiétude. J'étais étrangement calme, serein. Tout me semblait clair, désormais. Je savais comment écrire le livre que j'avais dû abandonner quinze ans auparavant. Plutôt : je savais que je pouvais l'écrire, désormais. Car j'avais toujours su comment l'écrire: c'est le courage qui m'avait manqué. Le courage d'affronter la mort à travers l'écriture. Mais je n'avais plus besoin de ce courage.

Le jour se levait, un soleil oblique effleurait les vitres de la petite chambre aux murs chaulés de la rue Concepcion Bahamonde. J'allais commencer tout de suite, profitant des circonstances qui m'obligeaient à rester chez moi, à éviter les dangers de la rue.

J'allais écrire pour moi-même, bien sûr, pour moi seul. Il n'était pas question de publier quoi que ce fût, en effet. Il était impensable de publier un livre tant que je serais un dirigeant clandestin du P.C.E.

A l'aube d'une journée de printemps, rue Concepcion Bahamonde, je me suis assis à ma table, devant ma machine à écrire. C'était une Olivetti portative, au clavier espagnol : tant pis, je mettrais des accents graves et circonflexes.

Il y a cet entassement des corps dans le wagon, cette lancinante douleur dans le genou droit. Les jours, les nuits. Je fais un effort . J'essaie de compter les jours, de compter les nuits...

p. 251

La veille de son suicide, le samedi 24 avril 1982, Juan Larrea s'était souvenu, soudainement. Il avait cru, pourtant, qu'il parviendrait à prendre sur soi, cette fois encore. Il avait décidé de ne rien dire, du moins. Garder pour soi l'angoisse nauséeuse, lorsque la fumée de la centrale de Porcheville, dans la vallée de la Seine, lui avait rappelé celle du crématoire de X l'Ettersberg, jadis. Garder, enfouir, refouler, oublier. Laisser cette fumée s'évanouir en fumée, ne rien dire à personne, n'en pas parler. Continuer à faire semblant d'exister, comme il l'avait fait tout au long de toutes ces longues années : bouger, faire des gestes, boire de l'alcool, tenir des propos tranchants ou nuancés, aimer les jeunes femmes, écrire aussi, comme s'il était vivant. Ou bien tout le contraire: comme s'il était mort trente-sept ans plus tôt, parti en fumée. Comme si sa vie, dès lors, n'avait été qu'un rêve où il aurait rêvé tout le réel: les arbres, les livres, les femmes, ses personnages. À moins que ceux-ci ne l'eussent rêvé lui-même.

Précisément: à moins que Juan Larrea ne m'eût rêvé moi-même

p. 254

La voix a dit l'âge de Primo Levi. Alors, avec un tremblement de toute mon âme, je me suis dit qu'il me restait encore cinq ans à vivre. Primo Levi était, en effet, de cinq ans mon aîné. Je savais que c'était absurde, bien sûr. Je savais que cette certitude qui me foudroyait était déraisonnable: il n'y avait aucune fatalité qui m'obligeât à mourir au même âge que Primo Levi. Je pouvais tout aussi bien mourir plus jeune que lui. Ou plus vieux. Ou à n'importe quel moment. Mais j'ai aussitôt déchiffré le sens de cette prémonition insensée, la signification de cette absurde certitude. J'ai compris que la mort était de nouveau dans mon avenir, à l'horizon du futur.

Depuis que j'étais revenu de Buchenwald , et plus précisément encore, depuis que j'avais abandonné le projet d'écrire, à Ascona , j'avais vécu en m'éloignant de la mort. Celle-ci était dans mon passé, plus lointaine chaque jour qui passait: comme l'enfance, les premières amours, les premières lectures. La mort était une expérience vécue dont- le souvenir s'estompait. Je vivais dans l'immortalité désinvolte du revenant.

Ce sentiment s'est modifié plus tard, lorsque j'ai publié Le grand voyage. La mort était dès lors toujours dans le passé, mais celui-ci avait cessé de s'éloigner, de s'évanouir. Il redevenait présent, tout au contraire. Je commençais à remonter le cours de ma vie vers cette source, ce néant originaire.

Soudain, l'annonce de la mort de Primo Levi, la nouvelle de son suicide, renversait radicalement la perspective. Je redevenais mortel. Je n'avais peut-être pas seulement cinq ans à vivre, ceux qui me manquaient pour atteindre l'âge de Primo Levi, mais la mort était de nouveau inscrite dans mon avenir. Je me suis demandé si j'allais encore avoir des souvenirs de la mort. Ou bien que des pressentiments, désormais. Quoi qu'il en soit, le 11 avril 1987 la mort avait rattrapé Primo Levi.

Dès octobre 1945, pourtant, après la longue odyssée de son retour d'Auschwitz qu'il raconte dans La trêve, il avait commencé à écrire son premier livre, "Se questo è un uomo". Il l'avait fait dans la hâte, la fièvre, une sorte d'allégresse. " Les choses que j'avais vécues, souffertes, me brûlaient de l'intérieur, a-t-il écrit plus tard. Je me sentais plus proche des morts que des vivants, je me sentais coupable d'être un homme, parce que les hommes avaient construit Auschwitz et qu'Auschwitz avait englouti des millions d'êtres humains, nombre d'amis personnels et une femme qui était près de mon cour. Il me semblait que je me purifierais en racontant, je me sentais semblable au vieux marin de Coleridge... "

C'est, en effet, une citation du poème de Coleridge qui se trouve en exergue du dernier livre de Levi, dont le titre : "Les naufragés et les rescapés" reprend celui d'un chapitre de "Si c'est un homme" :

Since then, at an uncertain hour, That agony returns: And till my ghastly tale is told This heart within me burns.

" J'écrivais, poursuivait Levi, des poèmes concis et sanguinolents, je racontais avec une sorte de vertige, de vive voix ou par écrit, tant et si bien que peu à peu un livre en est né: en écrivant je retrouvais des bribes de paix et je redevenais un homme, un parmi les autres, ni martyr ni infâme ni saint, un de ces hommes qui fondent une famille et qui regardent vers l'avenir autant que vers le passé. "

Primo Levi a parlé à plusieurs reprises de ses sentiments de cette époque, des joies sévères de l'écriture. Il s'est alors senti revenir à la vie, littéralement, grâce à elle.

Le livre terminé, chef-d'ouvre de retenue, de nudité fabuleuse dans le témoignage, de lucidité et de compassion., le livre incomparable ne trouva cependant pas preneur. Toutes les bonnes maisons le refusèrent. Il fut finalement publié par un petit éditeur et passa totalement inaperçu. Primo Levi abandonna dès lors toute velléité d'écriture et se consacra à son métier d'ingénieur chimiste. Ainsi semblait s'accomplir un rêve qu'il rapporte, un cauchemar de déporté: on est rentré à la maison, on raconte avec passion et force détails dans le cercle familial l'expérience vécue, les souffrances passées. Mais personne ne vous croit. Vos récits finissent par créer une sorte de gêne, provoquant un silence qui s'épaissit. Votre entourage - la femme aimée, même, dans les variantes les plus angoissées du cauchemar - finit par se lever, vous tournant le dos, quittant la pièce. L'histoire, donc, semblait lui donner raison: son rêve était devenu réalité. Ce n'est que de longues années plus tard que son livre, "Si c'est un homme", obtint soudain une audience, conquit un vaste public, commença à être traduit partout dans le monde.

C'est ce succès tardif qui le poussa à écrire un nouveau récit, :"La trêve". Mon expérience avait été différente. Si l'écriture arrachait Primo Levi au passé, apaisait sa mémoire : " Paradoxalement, a-t-iI écrit, mon bagage de souvenirs atroces devenait une richesse, une semence: il me semblait, en écrivant, croître comme une plante ", elle me replongeait moi-même dans la mort, m'y submergeait. J'étouffais dans l'air irrespirable de mes brouillons, chaque ligne écrite m'enfonçait la tête sous l'eau, comme si j'étais à nouveau dans la baignoire de la villa de la Gestapo, à Auxerre. Je me débattais pour survivre. J'échouais dans ma tentative de dire la mort pour la réduire au silence: si j'avais poursuivi, c'est la mort, vraisemblablement, qui m'aurait rendu muet.

Malgré la radicale différence du parcours biographique, des expériences vécues, une coïncidence n'en demeure pas moins, troublante. L'espace de temps historique, en effet, entre le premier livre de Levi - magistrale réussite sur le plan de l'écriture; échec complet sur le plan de la lecture, de l'écoute du public - et son deuxième récit, "La trêve", est le même qui sépare mon incapacité d'écrire en 1945 et Le grand voyage. Ces deux derniers livres ont été écrits à la même époque, publiés presque simultanément: en avril 1963 celui de Levi, en Mai le mien. Comme si, au-delà de toute circonstance biographique, une capacité d'écoute avait mûri objectivement, dans l'opacité quasiment indéchiffrable des cheminements historiques. Mûrissement d'autant plus remarquable et passionnant qu'il coïncide avec les premiers témoignages sur le Goulag soviétique qui sont parvenus à surmonter la traditionnelle barrière de méfiance et de méconnaissance occidentale: le récit d'Alexandre Soljenitsyne, "Une journée d'Ivan Denissovitch", est paru au cours du même printemps de 1963. Quoi qu'il en soit, le 11 avril 1987 la mort avait rattrapé Primo Levi.

 

Pourquoi, quarante ans après, ses souvenirs avaient-ils cessé d'être une richesse? Pourquoi avait-il perdu la paix que l'écriture semblait lui avoir rendue? Qu'était-il advenu dans sa mémoire, quel cataclysme, ce samedi-là ? Pourquoi lui était-il soudain devenu impossible d'assumer l'atrocité de ses souvenirs ?

Une ultime fois, sans recours ni remède, I'angoisse s'était imposée, tout simplement. Sans esquive ni espoir possibles. L'angoisse dont il décrivait les symptômes dans les dernières lignes de La trêve. Rien n'était vrai en dehors du camp, tout simplement. Le reste n'aura été que brève vacance, illusion des sens, songe incertain: voilà.

  C'était excitant de penser que le fait de vieillir dorénavant, n'allait pas me rapprocher de la mort mais bien au contraire, m'en éloigner.

 

 

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