Textes Intégraux

MEMOIRE ET INTELLIGENCE


      Gérontologie :

      Science de l'âge et des Passe-Âge

      Science de toutes les croissances et des devenirs

Interrogation permanente sur deux questions de fond:

     

    Quel est l'avenir dans le déroulement de la vie de nos fonctions intellectuelles, affectives, relationnelles. Comment comprendre le décalage de traitement de la fonction "Intelligence" et de la fonction "Mémoire" dans les "prédictions" des spécialistes.


    Comment comprendre, interpréter la plainte concernant leur mémoire d'une partie importante de la population à partir des 50 ans, et la peur redoutable des pathologies type "Alzheimer" dans la mentalité collective.

 

Décalage Intelligence-Mémoire

1°) Certains ayant pronostiqué ou reconnu une diminution de l'intelligence avec l'âge, les correctifs sont venus petit à petit:

Il y aurait effet de "génération": les classes plus âgées ayant été beaucoup moins scolarisées.

Il y aurait une problématique du "Temps" nécessaire pour effectuer les mêmes opérations, souvent non reconnu dans les épreuves.

Il y aurait certains déficits surajoutés comme les déficits sensoriels qui viennent "parasiter" les résultats.

On en arrive à une sorte de constatation:

"Ces résultats autorisent à croire qu'en l'absence de changements pathologiques dus à la maladie, l'intelligence tend à demeurer relativement stable tout au long de la vie."(Mishara et Riedel: La Vieillesse 1984 p. 95)

Une baisse pourrait par contre apparaître dans les semaines qui précèdent directement la mort, et qui pourrait d'ailleurs être parfois un signe prémonitoire. Cette baisse finale contribuerait de façon importante à la baisse de la moyenne générale.

2°) Le sort de la mémoire est réglé de façon catégorique et sans appel:

"La preuve semble donc faite que la mémoire baisse avec l'âge pour tous les paramètres: entrée des données, Mémoire à Court Terme, Mémoire à Long Terme". (Mishara et Riedel: La Vieillesse p. 93

Comment faut-il comprendre cette différence de traitement entre deux facultés que rien ne semble, à priori, destiner à des sorts si différents?

Y trouvons-nous la justification de la Plainte Mémoire si fréquente de l'âge et du grand Age?

La "Plainte-Mémoire"

Nous avons inventé ce concept en 1984, lorsque nous avons pris conscience de l'importance, dans l'expression des difficultés liées à l'âge, du facteur "Mémoire". On peut évaluer à 75% les personnes qui, au cours d'une conversation sur leur vie de retraité, mettent en cause le fonctionnement de leur Mémoire. Nous avons pensé qu'il était nécessaire de parler de Plainte-Mémoire, plus encore que de mémoire

Pour répondre à cette plainte, trop de personnes se précipitent sur le terme"mémoire", et orientent immédiatement vers des techniques (Gym Cerveau) ou vers des médicaments. Il nous a paru nécessaire de prendre du recul et d'écouter la Plainte tout autant que la Mémoire.

Plusieurs caractéristiques de cette Plainte nous ont paru significatives:

Sa généralité : Cf . enquêtes: " Mémoire après 55 ans" et "La Mémoire et l'Age". Entre 75 et 80% des enquêtés.


Le lien inexorable et "évident" établi entre difficultés de mémoire et l'âge, avec les conséquences à la fois de déresponsabilisation et d'impuissance, sorte d'acceptation anticipée de la mort


Le taux considérable
d'inquiétude, voire d'angoisse inclus dans la Plainte: peur redoutable de la détérioration, de la démence, de la perte d'identité

La quasi imperméabilité à tous les arguments allant dans le sens contraire: personnes connues dont l'âge n'empêche pas la mémoire. "C'est vrai pour eux, mais pas pour moi."

Il nous a paru très rapidement évident que la Plainte mémoire avait une sorte de double statut. Elle renvoyait à la fois à une réalité, et à la fois elle était le symptôme de quelque chose de plus large en quoi elle était englobée.

Réalité:

Etrangement monotone dans son expression, et sans caractéristique propre par rapport aux difficultés de mémoire exprimées par des personnes à d'autres âges de la vie.

Très liée à une "Sous-Utilisation" habituelle:

Cf Enquête "XIIIème": 60% d'utilisation très fréquente de la mémoire dans la vie professionnelle, et 9% d'utilisation très fréquente dans la vie de retraité.

Cf Enquête Yesavage: Il remet en 8 jours au même niveau de résultats que les personnes de 3O ans le groupe des personnes de plus de 50 ans.

Sans correspondance avec des "troubles" précis:

Cf Epreuves passées avant les Ateliers à l'Observatoire de l'Age, qui ne dénotent aucune faille particulière et significative chez les personnes demandant pourtant à faire un "Atelier Mémoire".

Symptôme: Les personnes qui "ont mal" doivent être crues sur parole . Il n'y a jusqu'à présent aucun "Malo-mètre" reconnu. Elles parlent de quelque chose qui est pour elle une gêne réelle, même si médicalement on désigne cette gêne sous le terme de "bénigne" afin de l'opposer à ce qui serait pathologique.

Ces personnes sont statistiquement parfaitement capables d'évaluer leurs difficultés de mémoire. Surprise pour nous de constater au cours des enquêtes, l'importance des corrélations établies par exemple:

 

Entre l'importance ressentie des difficultés de mémoire, légères, importantes, très importantes" et la note obtenue à un questionnaire objectif .


Entre un questionnaire subjectif, où chaque personne apprécie sur des quelques points l'importance de ses difficultés, (Par ex.: Je pose des lunettes, des clefs, des objet, et j'ai du mal à les retrouver) et un questionnaire objectif.


Nous devons donc faire confiance à ce que disent ces Plaintes et comprendre qu'elles nous renvoient à d'autres réalités.

Les enquêtes ont fait apparaître par exemple les deux points suivants:

1°) Un grand nombre de personnes rattachent leurs difficultés à un évènement précis, récent ou ancien, deuil, maladie, mise à la retraite, déménagement, accident de santé, anesthésie, préoccupations familiales ... Souvent elle datent cet évènement..

Tout se passe comme si, l' « équilibre interne » d'une personne ayant été perturbé, fragilisé, par un évènement extérieur, les conditions nécessaires et suffisantes pour un "jeu" libre et harmonieux des facultés supérieures était compromis. La Plainte-Mémoire nous renvoie alors beaucoup plus à une demande d'aide pour la reconstruction de cet équilibre qu'à un ré-apprentissage de la mémoire proprement dite. L'accent mis sur ce ré-apprentissage seul, risque au contraire d'avoir comme résultat de focaliser l'attention sur des déficiences qui sont bien réelles, mais dont la source est ailleurs.

Le "Pays" de la mémoire est conditionné par l'état d'un Arrière-Pays. dont les turbulences, les distorsions empêchent le "Jeu" libre des fonctions supérieures. S'attacher à permettre une expression des tensions de cet arrière-pays est la seule voie cohérente pour répondre à cette Plainte.

2°) Les capacités réelles de la mémoire évaluées par un "Questionnaire Objectif" simple sont étroitement corrélées à des facteurs constitutifs de cet arrière-pays:

      Un très bon "état de santé" fait chuter le sentiment d'avoir des difficultés importantes de mémoire et augmente corrélativement les résultats à un questionnaire objectif. La réciproque est parfaitement vérifiée.

      Une "Insertion Sociale" active, faite de:

        • relations familiales importantes,
        • vie bien occupée,
        • sentiment d'utilité sociale,

est la condition impérative de bons résultats au questionnaire objectif.

Mauvais état de santé, mauvaise insertion sociale semblent créer des conditions de sous-utilisation de la mémoire, par la même de sa non-performance, entretenue et accentuée par la sous-utilisation.

Les réponses possibles à la Plainte-Mémoire

Elles ne viseront pas la performance. Leur objectif est de maintenir les performances moyennes qui ont été celles qui ont permis à une personnes de vivre, souvent heureuse, et de "réussir " leur vie.



Elles auront une dimension gérontologique

respect de la loi du Temps

respect des
changements liés à l'âge qui ne disent pas détérioration, mais autre fonctionnement à un autre moment de la vie. Vivre, c'est changer, bien plus que se cramponner à l'état antérieur.

Elles auront un double statut :

ANIMATION: elles seront alors une ouverture sur toutes les possibilités données par la vie, pour que toute la vie soit occasion de se servir de sa mémoire. Des personnes ayant une bonne capacité d'animation peuvent en quelques jours être formées à ce type d'action.

ATELIER: elles seront alors un travail psychologique des personnes dans le cadre d'un activité de groupe d'une certaine durée, pour une prise de conscience en profondeur des blocages de l'arrière-pays. Elles seront alors conduites par des personnes ayant une formation psychologique importante. On ne joue pas avec ces cheminement à conduire.


Yves LEDANSEURS Psychologue

 

 

 

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